Ces thermoplastiques que nous
côtoyons tous et qui ont envahi notre univers
dans l'immédiat après guerre, été précédés par
un thermodurcissable mondialement connu baptisé
bakélite.
Inventée au début du siècle, passée au stade industriel
au cours des années vingt, elle a inspirée un
grand nombre de styliciens et de fabricants d'appareils
photographiques. Nous leurs devons de part le
monde, un ensemble très riche de modèles de tous
type et de tous formats.
Par contre, le revers de la médaille, c'est qu'il
n'y a pratiquement aucune documentation spécialisée
dans le domaine !
Ce que l'on sait, c'est que la bakélite a été
inventée par Léo Baekeland, chimiste belge né
à Gand en 1863. Émigré aux États-Unis, passionné
de photo, il met d'abord au point un papier sensible
à la lumière artificielle et cède son invention
à Georges Eastman en 1899. C'est en 1906 qu'il
crée, par chauffage en autoclave du formol et
du phémol, une matière plastique thermodurcissable
( phénoplaste ) à laquelle il va donner son nom.
La mise au point du process industriel est effective
en 1909 et exploitée par la "Général Bakélite"
aux USA.
Elle est aussitôt adoptée par l'industrie électrique
pour cinq bonnes raisons. Ses propriétés diélectriques,
sa résistance à la chaleur, sa dureté, sa résistance
à l'abrasion et sa capacité à se mouler aisément.
Le rajout de diverses "charges" permet
d'obtenir différents degrés de dureté ou encore
de pimpantes couleurs chinées tellement plus attractives
que les couleurs de base comme le noir, le brun
ou le rouge foncé.
Dans le courant des années vingt, des sociétés
licenciées pour la fabrication de la bakélite
font leur apparition en Allemagne, au Japon ainsi
qu'en France.
En 1926, la bakélite tombe dans le domaine public.
Baekeland cède toutes ses parts au géant américain
de la chimie "Union Carbide", en 1939.
Il décédera 5 ans plus tard, en 1944.
Dès 1905, Jules RICHARD réalisait son premier
GLYPHOSCOPE en celluloïd massif appelé "ivoirine".
Cette technique permettait d'abaisser les coûts
de production. Toutefois pas suffisamment pour
atteindre un prix accessible aux plus modestes.
De plus, les esprits n'étaient pas mûrs : le public
restait attaché aux matières nobles et criait
à la camelote devant un boîtier moulé !
Les premiers appareils photographiques étaient
en bois. Acajou, noyer, merisier ou teck ces bois
sont stables et faciles à travailler. Les constructeurs
d'appareils photo étaient essentiellement des
ébénistes. Puis vint le temps du métal embouti
ou coulé tel le laiton, l'aluminium ou tous simplement
l'acier. Ces matières permirent d'atteindre une
grande précision de fabrication. Elles permirent
également d'affiner les formes des boîtiers et
surtout de les produire industriellement.
C'est après la Première guerre mondiale que la
photographie devient une activité populaire.
Parallèlement, le stylisme envahit le monde industriel.
Il n'existe que une seule solution pour concilier
le désir des formes compliquées et la fabrication
à prix accessible : la matière plastique ! L'industrie
électrique a montré la voie en adoptant la bakélite,
d'autres industriels empruntèrent le chemin qu'offre
cette nouvelle matière pour l'électroménager,
la téléphonie, la radiophonie, la décoration.
Dès 1925, Phillips l'essaye avec succès pour des
haut-parleurs et Loewe en 1927 pour un récepteur
radio. L'industrie photographique va emboîter
le pas.
Il est difficile de déterminer avec certitude
quel fut le tout premier appareil photo en bakélite
car généralement, dans les littératures, on parle
de matière moulée, ce qui au fond ne veut pas
dire grand chose. Heureusement, les objets en
bakélite ont un aspect bien particulier, un air
de famille qui, même sur photo, permet souvent
de les identifier sans grand risque d'erreur.
Rien qu'à leur aspect et leur forme !
La matière est dure sans élasticité, l'aspect
de surface est imperceptiblement rugueux et la
palette de couleurs limitée aux teintes foncées.
Mais le critère absolu est sans conteste son parfum.
Frottée avec un tissu de laine, la bakélite dégage
une odeur caractéristique de phénol.
Ses avantages : pas besoin de gainage, possibilité
d'obtenir directement des boîtiers de couleur
variée et des formes aussi aérodynamiques que
l'on veut, avec des décors qui ne coûtent pas
un centime, possibilité de mouler d'un seul coup
une seule pièce complexe qui, réalisée en métal,
exigerait l'assemblage de plusieurs éléments.
Ses inconvénients : fragilité de la bakélite,
difficulté de réaliser des parois très mince et
résistance des traditionalistes.
La bakélite plaît au public et tous les
pays se mettent à fabriquer en bakélite avec plus
ou moins de réussite. De part le monde, la production
est telle qu'il est impossible de recenser tous
les modèles créés. De plus, en 1926 la bakélite
tombe dans le domaine public. Dès lors,
il suffisait de modifier légèrement
le procédé pour exploiter sa propre
formule protégée par un nouveau
brevet, ce que ne manque pas de faire énormémént
d'entreprises de par le monde.
Sauf exception, les productions françaises en
bakélite et dérivés sont variées
et abondantes puisque les différents modèles ont
été fabriqués en énorme quantité. Les plus courants
sont sans conteste les FEX
et ses dérivés ainsi que les PHOTAX.
Un grand nombre de boîtiers d'initiation 6x9 apparaissent
dans la foulée tel les Asphot,
Gevaphot, Kaftax, Banco,
etc.
Coté 6x6, le faux reflex Olbia.
Faux reflex également, mais de format 3x4, les
BOUMSELL Lonchamp
et Auteuil.
Au niveau 24x36, le LUMIÈRE
Optax et côté subminiatures, le Stylophot
et le Rower.
De nos jours, la bakélite a été remplacée par
d'autres thermoplastiques incassables, se moulant
plus facilement et adoptant n'importes quelles
couleurs. Il semble que le dernier modèle lancé
sur le marché date de 1954.
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Le premier boîtier en bakélite date
de 1927, il est Américain. De forme
basique, c'est le parallélépipédique
QRS Camra de format 24x32.

Un peu plus tard, moulés avec
beaucoup plus de réussite, deux
klapps 6x9 : le Kodak Hawkette
et
l'Anglais Apem Rajar
N°6.

En 1934 Kodak lance sur le marchéle box 4x6,5
Baby Brownie. Ce boîtier fut produit
à plus de quatre millions d'exemplaires.
Le prestige de ce géant de la photographie
fera certainement beaucoup pour le succès
de la bakélite dans le secteur de la
photo grâce à ses productions.
A la fin des années trente, les États-Unis
sont en plein essor photographique. Les
plus importants fabricants américains adoptent
la bakélite et suivent la voie ouverte
par Kodak.
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